
Les Incubes et les Succubes
La croyance dans la possibilité de relations sexuelles entre un esprit et un mortel, homme ou femme, est très ancienne et présente sur la Terre entière. Dans la mythologie grecque, le fruit d’une telle union étrange était un demi-dieu. Avec l’arrivée du christianisme, ces choses ont pris un aspect plus sombre. Les incubes et les succubes ont été considérées comme démoniaques.
Le mot « incube » vient du latin et désigne « ce qui se couche dessus ». La « succube » est celle qui se couche dessous. L’incube est regardé comme le démon qui débauche les femmes, la succube débauche les hommes.
Les érudits de l’église ont beaucoup débattu de la nature des incubes et des succubes et du péché commis à leur contact. Certains ont déclaré qu’il s’agissait du même démon, asexué à la base, car inhumain, qui pouvait devenir incube pour coucher avec une femme et devenir succube pour coucher avec un homme. Ils pensaient aussi que le diable pouvait ainsi recevoir, sous forme de succube, la semence d’un homme souvent pendant son sommeil, et ensuite, sous forme d’incube, la transmettre à une femme et ainsi lui faire concevoir un enfant.
D’autres ont affirmé que l’union avec un incube ou une succube ne pouvait pas porter de fruit, leur seul propos était de donner un plaisir sexuel aux hommes et aux femmes et ainsi de les conduire à la damnation. D’autres érudits de l’église croyaient que les démons pouvaient avoir des enfants, et qu’ils l’avaient fait, c’est ainsi que l’Antéchrist fut conçu par un démon et une sorcière. On a retrouvé ce thème de nos jours dans Rosemary’s Baby, le livre et le film.
L’idée du démon-amant apparaît chez de nombreux auteurs, l’un d’entre eux, Jori-Karl Huysmans et un de ceux qui en parle le mieux dans son excellent livre « La-Bas ». Huysmans nous donne dans ce livre une image du Satanisme comme il était pratiqué dans le Paris des années 1890, beaucoup de ce qui est décrit dans ce livre est basé sur des faits.
Durtal, le héros du livre est l’amant d’une femme marié, madame Chantelouve, qui est secrètement sataniste. Elle se vante devant lui de posséder certains pouvoirs. Si elle désire un homme, elle n’a qu’à penser fixement à lui avant de se coucher, ensuite elle pourra le rejoindre en rêve sous la forme qu’elle choisira. Ce pouvoir dit elle à Durtal horrifié lui a été donné par le maître Sataniste, un prêtre défroqué nommé Canon Docre. Plus tard elle emmène Durtal à une messe noire conduite par Canon Docre, mais rendu malade par ce à qui il assiste, Durtal rompt tout lien avec madame Chantelouce et son influence démoniaque.
Ces relations avec un incube sont particulièrement intéressante car elles rappellent d’autres beaucoup plus anciennes dont Huysmans n’a peut être pas eu écho, car provenant d’Angleterre.
Dans le vieux texte de Thomas Middleton « The Witch », dont Shakespeare a tiré le chant « Black Spirits » pour Macbeth, une des sorcières dit :
"What young man can we wish to pleasure us,
But we enjoy him in an Incubus ?"
Une grande partie de savoir de Middleton en matière de sorcellerie est tirée du livre de Reginald Scot « Discoverie of Witchcraft » dans lequel Scot décrit les effets de l’onguent des sorcières de Giovanni Battista Porta : « Dans la nuit, éclairé par la lune, Elles semblent voler dans les airs, s’amuser, s’embrasser et avoir des relations avec ceux qu’elles aiment et désirent le plus ».
Il n’est pas fait mention d’onguent des sorcières dans « la-Bas » de Huysmans, mais la possibilité de tels expérience via l’autosuggestion s’imagine sans mal. Si l’on considère les expérience sexuelles sous l’effet de drogues hallucinogènes, il y a des sorcières mexicaines qui utilisent un onguent nommé toloachi. Elles disent qu’une femme qui l’utilise n’a pas besoin d’homme. Sa composition est secrète, mais un de ses ingrédient principal est la Datura Tatula, une plante proche de la Datura commune.
Ce genre particulier d’hallucinations ou d’expérience rêvées me semble être la base réelle de toutes ces histoires d’incubes et de succubes, sans qu’il y ait le moindre lien avec les démons et les diables.
Cela surprendra le lecteur d’apprendre que le phénomène des incube et des succube est toujours d’actualité, un amis occultiste, m’a relaté une expérience de ce genre qui lui a été soumise.
Un couple marié lui a demandé de les aider à chasser un esprit de la ferme où ils vivaient. Il n’est pas possible de donner trop de détails pour plusieurs raisons, mais mon ami s’est rendu chez eux et a essayé sincèrement de leur apporter son aide. Le phénomène arrivait de temps à autre, et le mari avait déjà demandé à des médiums et des spirites de l’aider mais sans succès. Sa jeune et belle femme semblait attirer le phénomène, et mon ami est arrivé à la conclusion qu’un esprit lié à la terre était obsédé par elle.
Cet esprit a eu l’occasion de prendre possession de la femme et de s’exprimer par sa bouche, il a donné des détails sur sa vie sur terre et a mis mon ami au défi de le chasser.
Et en effet, mon ami n’arrivait à faire aucun progrès, car il n’arrivait pas à obtenir la collaboration de la femme qui trouvait toujours une autre excuse pour ne pas suivre ses directives.
En l’absence de son époux il lui a parlé, et elle a admit ne pas vouloir se débarrasser de l’entité, car, dit-elle, elle venait comme un amant et lui donnait un plaisir sexuel qu’aucun homme ne lui avait jamais donné.
Mon amis fut choqué et dégoûté par les détails confessés par la femme. Il n’en dit rien à l’époux, à part qu’il ne pouvait rien faire de plus que d’abandonner l’affaire. Lorsqu’il m’a donné les détails de l’histoire on voyait qu’il était traumatisé, et il m’a dit que sa santé avait pâti de ce qu’il avait vu et entendu. Et il à mis quelque temps encore à se rétablir complètement.
Une telle histoire entraîne différentes questions, occultes et psychologiques. Des psychiatres ont rencontré ce genre de phénomènes, parfois associées à des cas de supposés vampirismes.
Des relations sexuelles avec le diable, ou avec un amant-démon, étaient souvent « confessés » par les sorcières d’après ce qu’on lit dans les minutes des anciens procès en sorcellerie. Un grand nombre de ces confessions étaient tout simplement arrachée sous la torture.
Mais la confession de la sorcière écossaise Isobel Gowdie fut volontaire, elle s’est dénoncée, et fut pendue. Ses motifs pour agir de la sorte ne sont pas connus, mais sa confession est très détaillée et décrit une relation sexuelle avec le Diable. Elle dit qu’il était dur et froid.
Ce détail du diable froid est souvent trouvé dans les confession des sorcières à différents époques et endroits. Par exemple en 1616 Sylvanie de la Plaine, une sorcière du pays de La Bourde a dit que le membre du Diable était comme celui d’un étalon, et lorsqu’il pénétrait, il était froid comme de la glace tout comme son sperme, et lorsqu’il ressortait il brûlait comme s’il était de feu.
Cette description est conforme à celles faites un grand nombre de fois dans toute l’Europe, et les détails du pénis et du sperme glacé du Diable ont intrigué de nombreux auteurs contemporains. Margaret Murray croyait que cela pouvait s’expliquait si le Diable était un homme en habit rituel, portant un masque cornu, un costume de peau qui couvrait entièrement son corps et doté d’un phallus artificiel.
Cette explication, est la clef de bien des histoires de copulation avec le Diable. Le « Diable » d’un coven était un homme jouant le rôle du Dieu cornu. Avoir un rapport avec lui était un rite religieux, voilà pourquoi un phallus artificiel était utilisé. Le Grand Dieu Pan était toujours apte, il n’était pas sujet aux défaillance humaine. Le Frisson qu’un femme pouvait ressentir lorsque le phallus froid la pénétrait, était suffisant pour provoquait l’illusion d’un sperme glacé.
Dans de nombreuses descriptions de relations sexuelles entre incube ou succube avec un humain on insiste souvent sur le plaisir intense que cela procure. Après 1470, il n’en est plus question, on ne » parle plus que d’horrible et dégoûtante histoires. Dans les description du sabbat des sorcières, les autorités ont réalisé que cela ne devait pas faire envie. Les supposées sorcières devaient sous la torture admettre toutes les horreurs qui sortaient de l’imaginations de ces célibataires frustrés et sadiques.
Les auteurs du « Malleus Maleficarum » sont particulièrement intéressés par le détail des relations sexuelles avec les démons. Ce livre publié pour la première fois vers 1486, fut le premier manuel officiel de persécution des sorcières. On y trouve une description désagréable de copulation entre une femme et un incube et on peut y voir la possibilité que l’autosuggestion soit responsable de ces « rapports ». Ils disent que dans tous les cas qu’ils connaissent, la sorcière a vu le diable. « Mais selon certains, les sorcières ont souvent été vues couchées nues sur le dos dans les bois ou les champs dans une position permettant la copulation et l’orgasme, en observant leurs mouvement il était évidant qu’elles copulaient avec une incube démoniaque invisible, si ce n’est, en de rares cas, une vapeur noires de la taille d’un homme qui montait dans le ciel à la fin de l’acte ».
Dans l’atmosphère moyenâgeuse où les relations sexuelles équivalaient au péché on ne pouvait comprendre ces scènes que par l’intervention d’un démon, celui qui était dans l’esprit de la femme et du témoin.
Des descriptions de relation entre un homme et une succube sont moins fréquentes. Lorsqu’on en trouve, elles sont de l’ordre des histoires d’incubes. La succube prend la forme d’une femme très belle, mais son vagin est glacé et parfois son amant constate que ses jambes se terminent par des sabots. Là encore les plus anciennes histoires parlent de démones magnifiques et passionnées qui apparaissent aux prêtres et aux ermites pour les tenter, et elles y parviennent souvent. Le pape Sylvestre II (999-1003) est un Pape qui est dit avoir été secrètement sorcier et la légende raconte qu’il avait des relation avec une succube nommée Meridiana qui était son esprit familier.
Le corps glacé des succubes doit provenir des description faites des incubes, car la majorité des histoires de succubes parlent d’être diaboliquement séduisante prenant la forme de courtisane ou de prostituée pour séduire les hommes. L’origine de beaucoup de ces histoires semble venir de rêves érotiques qu’ont les hommes. La plupart de ces rêves sont agréables, mais si l’on se sent coupable et si la peur du péché intervient, les phantasmes deviennent sombres et le rêveur passe dans le monde du cauchemar.
La dyspnée, l'angoisse paralysante, l'oppression et la suffocation, la « chamade » du coeur, l'aphonie parfois totale, la rigidité des membres ou, au contraire, les tremblements spasmodiques, tous ces symboles, associés à la vision d'un monstre, la plupart du temps velu, d'aspect animal, et pesant sur la poitrine, ont partout et toujours caractérisé le cauchemar.
Il est intéressant de savoir que ces esprits se nourrissent de l'énergie qui provient d'un désir ou à l'occasion d'un acte sexuel. Les incubes et succubes contrairement à ce que nous pouvons croire ils ne cherchent pas forcément l'agression pour obtenir ce qu'ils désirent.
Dans certaine occasion nous pouvons même voir certaine victimes devenir complices, sans que ces dernière soit consciente de quoi il s'agisse, il éprouve un grand plaisir sexuelle jamais ressenti par le passé, elles ont conscience de se plaisir mais ne connais pas la source réel.
Dans le monde astral ou notre esprit se retrouve lorsque nous sommes endormie et plus vulnérable a ce type d'esprit qui réside également dans l'astral. Ils ont la faculté de changer d'apparence et de ce fait peu être perçue sous les trait d'une personne désirée par la victime. C'est de cette façon qu'est perpétrer ainsi un acte sexuel complet avec un consentement et plaisir partagé qui de plus la victime pensera avoir simplement fait un rêve.
L'incube ou la succube utiliseront les fantasmes de ses victimes, qui eux joue un rôle déterminant dans certaine situation, puisque l'incube ou la succube pourront procurer un grand plaisir a leur victime voir même de puissant orgasme en demi-sommeil.
Certaine victime, penseront avoir simplement fantasmé durant leur sommeil et que leur fantasme les aurais amener a une masturbation inconsciente, ce qui n'est pas du tout le cas.
Si la victime devient réfractaire, l'esprit violeur passera à la manière brutale, parfois même traumatisante au niveau physique.
Dans certaine situation, et ceci peu également faire parti des fantasmes inconscient de la victime l'incube ou la succubes interviendront par le rêve mais l'acte sexuelle pourra varié du plaisir léger au viol agressif et violent.
Il n'est pas rare de constaté une augmentation de la libido afin que la victime puisse devenir une source d'énergie qui alimente les incubes et succubes. Ceci n'est pas toujours provoqué directement par ces esprits. L'envie et le plaisir ressenti par la victime sur le plan de l'inconscience durant les premiers rapport sexuel permettront cette accentuation de la libido, et ils seront être patient, il laisseront un délai de temps de sorte que le désir soit accentué et deviens presque une demande voir une supplication de la victime de revivre une expérience sexuelle aussi bonne, bien entendu tout ceci s'effectue entre le conscient et l'inconscient de la victime.
Cependant, la libido pourra être restreinte dans le cas d'un « viol ressenti ». Ce qui est logique en soi. En effet, si la victime ressent le viol par l'esprit agresseur, l'envie de faire l'amour sera mise en veille par le choc psychologique, voire parfois physique, qui fut ressenti. Par contre si ceci fait parti d'un fantasme enfouis ceci peu amener la victime a un certain plaisir de soumission, d'être pris sans consentement, et d'éprouver beaucoup de plaisir physique. Sur le plan psychologique ceci est très troublant, voir déstabilisant.
Ces esprits sont liés au monde de la magie, et en sont même issus.
C'est pour cela que beaucoup de personnes pensent que seule une invocation peut les attirer. Néanmoins, il peut arriver qu'une personne puisse être tourmentée par un tel : La source pourra être la magie, ou parfois liée à une vie antérieure, ou n'avoir aucune source connue...
Dans la mythologie grecque, le fruit d’une telle union étrange était un demi-dieu. Avec l’arrivée du christianisme, ces choses ont pris un aspect plus sombre. Les incubes et les succubes ont été considérés comme démoniaques.
Le terme succube vient du mot latin succuba qui signifie « concubine ». Il ne désigne le démon femelle qu'à partir du xvie siècle, par rapprochement avec le terme « incube ».
Une autre étymologie le fait dériver du latin classique sub, « sous », et cubare, « coucher » : « qui couche sous » ou « être couché sous ». C'est un mot masculin, parfois employé au féminin.

L’incube est regardé comme le démon qui débauche les femmes, le succube débauche les hommes. Ce sont des créatures de la nuit.
L'incube et le succube sont capables de revêtir les formes les plus variées pour parvenir à ses fins.
Les érudits de l’église ont beaucoup débattu de la nature des incubes et des succubes et du péché commis à leur contact. Certains ont déclaré qu’il s’agissait du même démon, asexué à la base, car inhumain, qui pouvait devenir incube pour coucher avec une femme et devenir succube pour coucher avec un homme. Ils pensaient aussi que le diable pouvait ainsi recevoir, sous forme de succube, la semence d’un homme souvent pendant son sommeil, et ensuite, sous forme d’incube, la transmettre à une femme et ainsi lui faire concevoir un enfant.

Le Succube
Le succube est de nature ambivalente, puisqu'il est à la fois redouté et désiré. « Ce qui fait l'horreur, c'est le désir, et le désir devient monstre » ; pour cette raison, on le retrouve à la fois à la source de songes et de cauchemars, notamment pendant le Moyen Âge.
Le succube est un démon qui prend l’apparence d’une femme afin d’avoir une plus grande facilité pour approcher les hommes. On pourrait le qualifier de monstre femelle à queue de serpent qui dévore les enfants et les lémures (âmes des morts). Selon le rabbin Eliar, Adam aurait reçu la visite de plusieurs diablesses qui engendrèrent des démons, des fantômes, des esprits ainsi que des lamies (démons des Anciens). De plus, on dit que Lilith est la reine des succubes et qu’ils descendent tous de son union avec Sammaël.
Avant de passer à l’acte, le succube choisit bien sa proie. Grâce à ses pouvoirs, il se change en la femme que l’homme ciblé aurait aimé avoir dans son lit - tant au point de vue physique que moral. Le succube peut également prendre l’apparence d’une personne que l’homme connaît. Une femme sur laquelle il fantasme par exemple. Il est donc assez facile de séduire un homme pour un succube, bien que l’accouplement ne soit pas garanti. Il se peut que le succube échoue dans sa mission.
Il manque à ce démon la partie masculine. C’est pourquoi le succube a besoin de la semence masculine, soit le sperme, s’il veut procréer. Le succube est comme un démon de sexe féminin. Et une fois qu’il obtient le sperme, il part et peut alors donner naissance à un autre démon.
Cependant, le sperme n’est pas la seule quête du succube. Il lui faut aussi récolter le souffle de vie, la fontaine des chakras ; autrement dit, l’orgasme. C’est grâce à cette énergie sexuelle qu’il lui est possible de maintenir en vie en les nourrissons.
L’incube
Le mot « incube » (rarement « incubat ») apparaît vers 1372 pour désigner spécifiquement un démon mâle. Il dérive du latin classique incubo, formé sur inc- (« sur ») et -cubare (« coucher »), et signifie donc « couché sur ».
Le mot « cauchemar » (du latin calca, foulure, et mala, mauvais) proviendrait du nom donné à un incube et désignerait donc une « oppression ou étouffement qui survient quelquefois durant le sommeil » en ancien français, le cauchemar est appelé « appesart »
Dans la Rome antique, l'« incubus » désigne à la fois un démon masculin qui possède les femmes mais aussi le cauchemar. Les Grecs utilisent le terme d'« éphialtès » signifiant également le « cauchemar », mais ce vocable a disparu dans les langues modernes. Le médecin grec Galien en fait un synonyme de la paralysie du sommeil. L'oneirodyna (« douleur pendant le songe » en grec) correspond en effet à un sentiment de suffocation, cause d'anxiété.
Il existe en effet une référence, en ancien français, sous la forme « enquibedes », telle qu'elle apparaît dans l'ouvrage Merlin-Huth (ou Suite de Merlin) attribué à Robert de Boron. L'auteur fait ainsi de l'enchanteur Merlin le fils d’un démon incube : « Je voil que tu saiches et croies que je sui filz d’un ennemi qui engingna ma mere, et cele meniere d’enemi qui me conçut a non enquibedes et sont et repairent en l’air » nommé par extension « Enquibedes », parfois « Ygerne ».
Ce dernier serait un démon de l'air, entré par effraction alors que la porte de la chambre de la mère de Merlin était fermée à clef.
On retrouve également la trace de l'incube dans l'ancien arabe littéraire (période de naissance de l'islam), à travers le terme « al-jâthôm » qui sert pour désigner la paralysie du sommeil, le cauchemar, mais aussi « un esprit mâle qui prend les femmes pendant leur sommeil ». Le terme vient d'un verbe signifiant « prendre dans ses bras » avec une forte connotation de maternalisme; un des termes dérivant de ce verbe est le mot arabe pour « crèche » selon le médecin John Allen, les praticiens arabes font de l'incube les signes avant-coureurs d'une épilepsie nocturne.
Le mot incubus n'est cependant pas employé en latin, qui désigne ce phénomène sous le nom de Lamia, en référence à la créature nommée « Lamie ».
Dans la mythologie grecque, Lamia est la fille du roi Bélos (ou bien de Poséidon et de Libye selon les traditions).
Il s’agit d’un démon beaucoup moins sympathique que le succube. Ce dernier ne prend pas la peine de changer de forme pour séduire les femmes ciblées. Il reste généralement sous la forme d’un démon - une créature affreusement hideuse - et viole ses victimes sans se soucier de leur consentement. C’est d’ailleurs pourquoi il a été associé au cours de l’histoire aux esprits provoquant les cauchemars.
Malgré tout, il n’est pas impossible que l’incube prenne l’apparence d’un homme, le mari de la victime par exemple.
Le but de l’incube est le même que celui du succube : se reproduire. Cependant, contrairement au succube, l’incube a besoin de l’énergie sexuelle de la femme pour combler la partie qui lui manque. Et une fois cette énergie obtenue, il peut donner naissance à un démon, d’où probablement la naissance du mot « incubation ».
Les djinns mâles tombent amoureux des femmes et les djinns femmes (djinniya) tombent amoureux des hommes. Les cas d'homosexualité sont rares chez les djinns. Ainsi, il arrive que cet amant passe inaperçu. Le plus souvent la personne aura des rêves érotiques. Ces rêves sont souvent très agréables pour l’homme. Chez la femme les rapports sont en général très intenses. Et ici, le démon peut prendre le visage du mari pour la tromper. Si la personne est mariée, le djinn peut parfois accepter le conjoint. Mais dans d’autres cas, il peut créer chez la femme, énervement et anxiété. Ce qui fait que le mari doit s’y prendre avec douceur sinon ce sera la dispute.
La civilisation mésopotamienne le connaît sous le nom de « lilu », mais c'est dans la Grèce antique que l'« éphialtès » est perçu pour être un démon qui s'attaque au dormeur.
Les médecins grecs en font un être indissociable du phénomène cauchemardesque. Au Moyen Âge, l'incube est assimilé au diable, qui passe pour s'unir sexuellement aux sorcières transportées au cours du sabbat.
Alors que le Malleus Maleficarum en fait une figure diabolique de l'impureté, des théologiens et démonologues chrétiens, comme saint Augustin, Jean Bodin ou Martín Antonio Delrío, débattent de sa réalité et de son pouvoir sur l'âme. Le terme est ainsi particulièrement en usage dans les écrits ecclésiastiques du Moyen Âge pour signifier l'hérésie du commerce sexuel avec le diable.
Dès le XVe siècle, des praticiens comme Jean Wier et Scipion Dupleix participent à faire passer le phénomène du domaine religieux au domaine médical, puis à la psychiatrie naissante. Louis Dubosquet, en 1815, considère l'incube comme une production fantasmatique produite par l'état d'angoisse constitutif du cauchemar.
La psychanalyse et la psychiatrie moderne classent les apparitions d'incubes comme des délires psychotiques et hallucinatoires similaires à ceux prenants part dans la zoopsie. La psychiatrie moderne fait de l'incube une représentation imaginale de troubles nocturnes liés à une déviance libidinale.
L'incube est le seul démon qui doit son statut non à sa nature, annoncée par une mythologie particulière, mais à sa fonction, à savoir celle de peser sur le sommeil des femmes ou de certains hommes. Cette action oppressante est décrite depuis l'Antiquité, mais est davantage répandue au Moyen Âge :
« À partir de quels symptômes peut-on repérer celui qui est tourmenté par un incube? À partir du mouvement difficile du corps ainsi que de la torpeur, d’un sommeil aussi anormalement lourd, d’une sensation d’accablement qui l’oppresse, de sorte qu’il se sent suffoquer quand il dort ou qu’il pense que quelqu’un l’a assailli qui, en oppressant son corps, s’efforce de le faire s’évanouir par étouffement. »
D'une connotation sexuelle très forte, les récits d'attaques d'incubes, véhiculés par la littérature, sont teintés d'une ambivalence à l'égard des sentiments de la victime. Tantôt plaisants, ils peuvent se transformer en cauchemar.
Les descriptions ethnographiques montrent que l'incube demeure une réalité dans certaines cultures. Il est souvent considéré comme un esprit médiateur entre le chaman et le monde invisible.
La première allusion à un incube provient de Mésopotamie. L'incube et le succube sont appelés respectivement en akkadien lillalet kiel-lillal, mais aussi lilū (« mâle nocturne ») et lilītu (« femelle nocturne »), en assyrien sémitique. Ces termes renverraient à des figures mythologiques. La liste royale sumérienne datant de 2400 avant J. C. évoque en effet le père du héros Gilgamesh, Lilū, comme étant un séducteur des femmes pendant leur sommeil.
Un démon femme qui s'en prend aux mâles endormis, Lilītu, existe aussi.
Les deux créatures s'attaquent aux jeunes mariés, mais peuvent aussi inspirer des visions nocturnes. Deux autres démons, formant un couple, apparaissent dans le panthéon mésopotamien : Ardat Lili (« ravisseur femelle de la lumière »), qui rend visite aux hommes mariés durant la nuit et s'en fait enfanter, et Irdu Lili (« ravisseur mâle de la lumière »), qui, lui, va vers les femmes mariées.
D'abord démons de la tempête, semble-t-il, ils sont devenus peu à peu apparentés à la nuit, mais aussi au vent, à l'esprit (au sens de mouvement invisible) et, par extension, à l'épilepsie.
Le Pahad Laylâ (« terreur de la nuit ») hébreu, cité dans l'Ancien Testament (Psaumes, 91, 5), possède des traits similaires aux démons incubes et succubes mésopotamiens.
Le cauchemar est assimilé à une figure démoniaque dès l'Antiquité. La figure de l'incube apparaît dans la Grèce antique, sous le terme d'« éphialtès ». Thémison de Laodicée parle ainsi d'un démon « étouffeur », conception reprise par de nombreux autres médecins antiques, mais aussi par les dramaturges comme Aristophane.
Le phénomène survient pendant le sommeil et accable physiquement le dormeur dont le langage est réduit à quelques sons inarticulés.
L'incube est étroitement lié, chez les Grecs, à la notion de « sommeil du Temple » ou incubatio qui consistait en l'union d'un Dieu et d'un(e) mortel(le), notamment dans le cadre du traitement de la stérilité.
Toutefois, dans la mythologie grecque, l'incube, souvent un dieu, passe aussi pour avoir engendré des hommes célèbres. Alexandre le Grand aurait été le fils de l'union entre Olympias et Zeus : « Olympias eut l’impression, durant la nuit où ils s’unirent dans la chambre que la foudre avec le tonnerre lui tombait sur l’estomac » explique Wilhelm Heinrich Roscher, citant Plutarque dans sa Vie d’Alexandre.
Les dieux se liaient souvent aux mortelles de force, ainsi que l'explique Voltaire :
« Remarquons seulement que les dieux se déguisaient fort souvent pour venir à bout de nos filles, tantôt en aigle, tantôt en pigeon ou en cygne, ou pluie d’or, mais les déesses ne se déguisaient jamais; elles n’avaient qu’à se montrer pour plaire. » Voltaire, Dictionnaire philosophique
D'autre part, le Sphinx que combat Œdipe appartiendrait à la classe des incubes et succubes. La représentation iconographique du sphinx présente des attributs similaires à celle de l'incube, comme la capacité à peser sur le corps, à effectuer des strangulations ou à ravir ses victimes.
La passivité de ces derniers est semblable à celle des hommes ou femmes endormis sur lesquels pèse le démon incube. Enfin, l'étymologie du nom « sphinx » aurait un lien avec le sème de la suffocation.
La religion romaine considère également que des hommes d'exception sont engendrés par des démons incubes.
Auguste serait quant à lui le fils d'Apollon et d'Atia Balba Caesonia d'après Suétone dans sa Vie des douze Césars. L'écrivain romain explique en effet que :
« Dans les Recueils d’aventures divines d’Asclépias de Mendès, je trouve l’histoire suivante. Atia, s’étant rendue au milieu de la nuit à une cérémonie solennelle en l’honneur d’Apollon, fit placer sa litière dans le temple et s’y endormit, tandis que les autres matrones dormaient; or un serpent se glissa tout à coup auprès d’elle et se retira bientôt après; à son réveil elle se purifia comme si elle sortait d’une union avec son mari ; et dès lors elle exhiba sur le corps une tache en forme de serpent et jamais elle ne put la faire disparaître, de sorte qu’elle dut renoncer aux bains publics. Et comme Auguste naquit neuf mois après, il fut considéré dès lors comme fils d’Apollon. »
C'est en effet dans la Rome antique que le terme d'« incube » apparaît.
L'incubus (incubi au pluriel) « appartient au folklore latin et à l'espèce des démons écrasants, connaît par ailleurs l'ensemble du monde indo-européen ».
Chez les Gaulois, les incubes se nommaient Dusii (Dusiens), d'après Isidore de Séville et saint Augustin.
Dès le IVe siècle, les incubes sont identifiés à des divinités champêtres latines, comme les faunes ou les satyres, notamment par Pline qui, dans son Histoire naturelle, parle de Ludibria Faunorum, et par Dioscoride qui recommande la pivoine contre les incubes, puis par saint Augustin et saint Jérôme.
Il existe ainsi de nombreuses iconographies qui présentent l'incube sous les traits d'un satyre.
Les démons sont signalés par leur énergie libidinale et par leurs victimes féminines.
Pline parle de leur pouvoir de générer des cauchemars, suite aux accouplements qu'ils mènent avec les hommes et femmes, y compris avec des animaux.
Les incubes sont tour à tour assimilés à Faunus, à des divinités nocturnes, à Hécate ou aux Larves.
Ils peuvent posséder des ongles acérés, similaires à ceux des oiseaux de proie remarque Horace. Ce dernier rapporte ainsi une légende qui veut que l'enfant sacrifié par la sorcière Canidie lui ait, avant de mourir, annoncé revenir sous la forme d'une larve munie de griffes afin de se venger.
Comme en Grèce, un incube serait capable de provoquer une épidémie dans Rome, ce que rapporte un médecin nommé Silimaque.
De plus, l'explication médicale, par la vision cauchemardesque, c'est-à-dire sans crédit accordé à la réalité de l'entité, existe déjà.
En effet, le médecin latin Caelius Aurelianus distingue plusieurs symptômes comme le poids sur la région gastrique, la difficulté à se mouvoir, respirer, parler, et enfin les hallucinations. Il considère que le malade est atteint d'épilepsie.
L'« incube », ou conférence dans le vocabulaire de Macrobe, désigne-les phénomènes apparentés au cauchemar, et revenant par là aux conceptions admises dans l'Antiquité grecque surtout.
Dans sa classification des rêves en effet, établie dans le Commentaire au Songe de Scipion (Ve siècle), la vision de démons lors d'un songe appartient à la classe de rêves dits phantasmata. Ce type de rêve dépend en partie d'un trouble physiologique, comme celui provoqué par l'alimentation ou la maladie.
Pour Macrobe, l'incube, qu'il nomme « spectre », est une image provoquée par un phántasma, c'est-à-dire un rêve lors du demi-sommeil (rêve hypnagogique) et qui n'est en rien prophétique ou digne d'intérêt.
Au Moyen Âge, l'incube est représenté sous la forme caprine du diable, parfois sous celle d'un homme en noir possédant un sexe démesuré, attribut hérité de ses ancêtres, la race des géants antédiluvienne.
Les nephilim, nefilim, ou simplement géants, sont des êtres apparemment surnaturels mentionnés dans la Bible. Le mot « nephilim » apparaît deux fois dans la Torah – ou Pentateuque – (Gn 6. 4 et Nb 13. 33), où il est souvent traduit par « géants », mais parfois rendu tel quel.
C'est la forme plurielle du mot « nephel » ou « naphîl » en hébreu. Selon les interprétations, le mot « nephilim » pourrait signifier « ceux qui sont tombés », « ceux qui tombent » (sur leurs ennemis), ou « ceux qui font tomber » (autrui).
Le passage de la Genèse où ils sont cités laisse entendre qu'ils sont, ou bien les « fils de Dieu », ou bien, selon une lecture plus largement répandue, le fruit du l'union entre « fils de Dieu » et filles des hommes.
Ce passage de la Genèse précède l'épisode du Déluge et, si court soit-il, a donné lieu à diverses interprétations, souvent de caractère ésotérique.
Les nephilim sont associés, par comparaison, à d'autres géants évoqués dans la Bible.
Les « fils de Dieu » font référence aux anges dans la Bible hébraïque. Il s'agit probablement ici d'anges déchus.
En d’autres termes, les anges « ont abandonné leur propre demeure [dans les cieux] » sont venus sur la Terre, ont revêtu un corps physique et ont goûté aux plaisirs sensuels avec des femmes.
D'après le récit, ces créatures hybrides, qui avaient des anges pour pairs, étaient des « hommes forts », dotés d’une vigueur anormale. C’étaient des hommes violents ou « nephilim », mot hébreu qui signifierait : « ceux qui font tomber les autres ».
La Terre était devenue si violente, à cause de l’influence des anges méchants et de leurs fils suprahumains, que YHWH décida d’anéantir l’humanité par le Déluge.
Parmi les commentateurs de la Bible, certains avancent que les nephilim étaient des hommes méchants, progéniture hybride d'anges matérialisés qui auraient eu des rapports illégitimes avec les filles des hommes.
La corruption répandue sur la Terre par suite de leur comportement, sévèrement réprouvé par Dieu, serait à l'origine du Déluge. Par « corruption » s'entend le mélange entre leur progéniture et celle des hommes, ainsi que la violence qui s'en dégagea, car ils devaient user de leurs forces et grandeurs pour, comme le récit le dit, « remplir la Terre de violence », « Et la Terre se pervertit sous les yeux du vrai Dieu, et la Terre se remplit de violence. »
Le récit de la Bible rapporte que Dieu s'indigna de la conduite des hommes à l'époque de Noé avant le Déluge et que les « fils du vrai Dieu » prirent pour eux des femmes séduisantes parmi les filles des hommes.
Puis, parlant de la présence de nephilim sur la Terre, et aussi après cela, quand les fils du vrai Dieu continuèrent d'avoir des rapports avec les filles des hommes et qu'elles leur donnaient des fils : ils furent les puissants – les « gibborim » – du temps jadis, les hommes de renom.
D'après le même récit, les nephilim c'est-à-dire la progéniture géante des filles des hommes par les fils de Dieu, ces derniers étant des anges déchus ainsi que tous les impies, ont péri : « seuls le juste Noé et sa famille ont survécu ». « Ainsi, il effaça toute créature existante qui se trouvait à la surface du sol, depuis l’homme jusqu’à la bête, jusqu’à l’animal qui se meut et jusqu’à la créature volante des cieux, et ils furent effacés de la Terre; il n’y avait « que » Noé et ceux qui étaient avec lui « dans » l’arche qui survivait. »
Toutefois, certains assurent que les anges méchants ne sont pas morts. Ils ont abandonné leur corps physique et ont regagné les sphères spirituelles. À cause de leur désobéissance, il ne leur a pas été permis de reprendre leur place dans la famille des anges justes. « Ils n’ont plus été autorisés à revêtir un corps humain », comme ils l’avaient fait aux jours de Noé.
Ils sont dits avoir été puissants des « gibborim », ces hommes qui furent fameux dans « les temps anciens ». De là, les chrétiens font souvent l'analogie avec les héros dont les mythologies des nombreux peuples polythéistes relatent les exploits. Celles-ci parlent en effet de dieux qui se sont unis à des femmes pour engendrer des êtres surhumains, des demi-dieux, parfois effrayants, qui possédaient à la fois des caractéristiques divines et humaines.
C'est ce même rapport que l'on retrouve avec les Géants et les Titans de la mythologie grecque, enfants d'Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre).
D'aucuns ont trouvé des comparaisons possibles avec les légendes d'anciennes civilisations. Par exemple, une épopée mésopotamienne, vieille de 4 000 ans, relate les exploits extraordinaires de Gilgamesh, demi-dieu puissant et violent, dont le « désir ne laisse pas une vierge à son amoureux ».
La mythologie grecque parle d’une autre créature suprahumaine : Héraclès (Hercule). Fils d’une femme, Alcmène, et du dieu Zeus, Héraclès a été lancé dans de violentes aventures après avoir tué sa femme et ses enfants dans une crise de folie.
Malgré les importantes altérations que ces récits ont subies de génération en génération, ils montrent néanmoins une certaine convergence avec ce que la Bible dit au sujet des nephilim et de leurs pères, les anges rebelles.
Les nephilim, en tant qu'anges déchus, auraient continué à exercer une influence désastreuse dans les affaires humaines, sous la domination du « chef des démons », Satan.
Cette idée est évoquée dans le Nouveau Testament dans la Deuxième épître de Pierre : « En effet, Dieu n'a pas épargné les anges qui ont péché : il les a précipités dans l'abîme où ils sont gardés pour le jugement, enchaîné dans les ténèbres. »; et dans l'Épître de Jude : « Et les anges qui n’ont pas gardé leur position originelle, mais ont abandonné leur demeurent naturels, il les a réservés avec des liens éternels, sous l’obscurité profonde, pour le Jugement du grand jour. »
Dans la Bible hébraïque, d'autres mots, à l'instar de « nephilim », sont parfois traduits par « géants ». Selon les interprétations, ces mots peuvent faire référence à des descendants des nephilim ayant survécu au Déluge et/ou à des peuples cananéens.
Le Midrash rapporte que le géant Og disposait de son propre compartiment dans l'Arche de Noé; selon l'Aggadah, pour échapper au Déluge, Og se serait plutôt tenu sur le toit de l'Arche pendant tout le temps que dura l'inondation.
Alors, des anges déchus continuèrent d'aller vers des femmes après le Déluge.
Les enfants nés d'une relation avec un incube sont courants dans les mythologies ou les folklores; on leur prête souvent des pouvoirs exceptionnels, ainsi qu'un destin unique. Comme je le citais plus haut, l'enchanteur Merlin, passe pour avoir été engendré par un incube.
Les cambions est également le nom donné a un enfant qui proviendrait d’une relation avec un incube ils sont nés d'un transfert de semence par les incubes et les succubes.
Le succube doit avoir un rapport sexuel avec un être humain mâle dont il récolte la semence, puis l'incube injecte le sperme à un être humain femelle par le biais d'un autre accouplement.
Le terme « incube » est à l'origine utilisé spécialement par le monde ecclésiastique. En effet, si les Grecs y voient le plus souvent une vision particulière entrevue lors d'un cauchemar, les théologiens chrétiens en font un avatar du diable.
La proximité dans leurs représentations respectives laisse à penser que la figure du diable comme un être cornu, velu et possédant des pieds de bouc, proviendrait du folklore de l'incube.
La première description du diable comme un être à l'allure de bouc, se dévoilant pendant le sommeil, date de l'an 1000 et apparaît dans le récit des apparitions vécues par le moine Raoul Glaber :
« Je vis au pied de mon lit un petit monstre à forme humaine. Il avait, autant que je pus le reconnaître, le cou grêle, la face maigre, les yeux très noirs, le front étroit et ridé, le nez plat, la bouche énorme, les lèvres gonflées, le menton court et effilé, une barbe de bouc, les oreilles droites et pointues, les cheveux raides et en désordre, des dents de chien, l'occiput en pointe, la poitrine et le dos en bosse, les vêtements sordides; il s'agitait, se démenait furieusement. »
D'autre part, la question du songe comme tromperie et illusion diaboliques est également au centre des débats théologiques.
La première référence officielle à l'incube et à ses dangers date du xve siècle.
Une bulle du pape Innocent VIII, nommée la « bulle des sorcières » (Summis desiderantes affectibus), de 1484, condamne des faits de relations sexuelles entre des démons et des femmes, dans des régions de Haute Allemagne et des contrées rhénanes (à Mayence, Cologne, Trèves, Salzbourg et Brême). Le pape confie donc aux inquisiteurs et démonologues Heinrich Kramer et Jacques Sprenger le soin de pourchasser les sorciers et sorcières ayant commercé avec le démon. Cependant, c'est surtout au xviie siècle que le diable est réputé prendre part au sabbat sous la forme d'un satyre, pour s'accoupler à la sorcière.
Page de titre du traité de démonologie nommé Malleus Maleficarum présentant le dieu Hermès en gravure.
Page de titre du Malleus Maleficarum, édition de Lyon, 1669.
Ces inquisiteurs ont en effet acquis une solide réputation de spécialiste en démonologie, grâce à la publication du livre le Malleus Maleficarum (Le Marteau des sorcières), ouvrage qui gagne en autorité grâce à la bulle papale et initie la chasse aux sorcières en Europe. Ce traité d'inquisition date de 1486 et présente une description détaillée des démons, en particulier des incubes et des succubes :
« Par des démons pareils, les actes sexuels de l'impureté la plus honteuse sont commis, non pour le plaisir, mais pour l'infection du corps et de l'âme de ceux dont ils se font incubes et succubes. Ensuite au terme d'un acte pareil, conception et génération parfaite peuvent être réalisées par des femmes : ils peuvent à l'endroit requis du ventre de la femme approcher la semence humaine de la matière préparée pour elle. Tout comme ils peuvent recueillir des semences d'autres choses pour d'autres effets. Dans de telles générations, ce qu'on attribue au démon, c'est seulement le mouvement local et non la génération elle-même, dont le principe n'est pas la puissance du démon ou du corps par lui assumé, mais la puissance de celui de qui est la semence. D'où l'engendré est fils non du démon, mais d'un homme. »
— Malleus Maleficarum
La bulle papale confirme la politique de traque des incubes, lancée auparavant par les doctes de la Sorbonne qui, en 1318, caractérisent l'action de ces démons comme étant réelle. Cependant, pour le Malleus Maleficarum, l'incube ne peut engendrer, cet attribut étant réservé à Dieu et le diable n'est qu'un vecteur et un manipulateur de la semence humaine. Contrairement au Sabbat, la relation avec un démon incube n'intervient, pour le Malleus Maleficarum, que dans la sphère privée. C'est par un truchement que le démon parvient à ses fins :
« Un démon succube prend la semence d'un homme scélérat, un démon proprement délégué près de cet homme et qui ne voudra pas se faire l'incube d'une sorcière. Il donne cette semence à un autre démon détaché près d'une femme, une sorcière ; et celui-ci, sous une constellation qui lui est favorable pour produire quelqu'un ou quelqu'une capable de maléfices, se fait l'incube d'une sorcière. »
— Malleus Maleficarum
Le procès des Templiers a confirmé la forte croyance en l'existence des succubes, et par la même, des incubes, puisque parmi les chefs d'accusation de leur procès, il y aurait eu celui de renier Dieu en s'accouplant avec des démones selon Ernest Martin. Comme la sorcière, la femme coupable d'entretenir des relations avec le démon est brûlée. C'est le cas d'Angèle de la Barthe, à Toulouse, en 1275, et dont le procès conclut à sa concupiscence diabolique. L'Inquisition et ses procès, comme celui qui a eu lieu à Côme en 1485 et qui a envoyé 41 sorcières supposées de relations avec des incubes au bûcher, a ainsi favorisé la croyance en l'incube :
« Rien n’était plus fréquent que des révélations de ce genre, dans le tribunal de la confession, et le confesseur tirait de la bouche même de ces pénitentes la conviction du fait qu’il combattait, trop souvent inutilement, par des prières et des exorcismes. […] Ce n’était pas seulement la confession religieuse qui avait dévoilé les mystères de l’incubisme et du succubisme; c’étaient surtout les aveux forcés ou volontaires, que l’Inquisition arrachait aux accusés, dans les innombrables procès de sorcellerie, qui hérissèrent de potences et de bûchers tous les pays de l’Europe. »
— P. L. Jacob
Le problème de la génération d'un être issu de l'union d'un incube et d'une femme n'est pas évoqué par les inquisiteurs Heinrich Kramer et Jacques Sprenger, auteurs du Malleus, mais saint Thomas d'Aquin en parle déjà dans sa Somme théologique (1266-1273)
Thomas d'Aquin récuse la possibilité que la semence soit celle du démon et, selon lui, le père réel est toujours l'homme, que l'incube manipule à ses fins.
Il reprend de fait l'hypothèse de saint-Augustin qui désigne l'incube, dans La Cité de Dieu, comme une faune capable d'engendrer des illusions et des hallucinations. Selon saint Augustin, les Gaulois avaient maille à partir avec de tels démons incubes, qu'ils nomment « Dusiens », parfois « Lutins ».
Thomas d'Aquin cite par ailleurs un passage de la Vie de saint Bernard dans lequel ce moine délivre une femme des attaques d'un incube. Il est critiqué par un autre théologien, saint Cassien, qui défend l'idée qu'il soit impossible à un démon d'engendrer.
L'historien et moine bénédictin Guibert de Nogent (1055-1125) raconte que sa mère, alors jeune et séduisante, a dû subir les nombreuses et grossières insultes de la part des incubes. Il ajoute qu'une nuit, « le démon vint tout à coup s’offrir à ses yeux, que ne fermait pas le sommeil, et l’oppressa, presque jusqu’à la mort, d’un poids étouffant », et qu'elle put être sauvée par sa foi.
À la Renaissance, des démonologues comme Pierre Crespet (de la haine de Satan pour l'homme, 1590) et Jean Bodin (de la Démonomanie, 1587) expliquent que l'incube est l'une des formes prises par le diable pour pénétrer sexuellement les sorcières.
L'homme médiéval pensait que le diable avait le pouvoir, sous sa forme incube, de prélever le sperme d'un homme endormi, puis qu'il en fécondait une femme, toujours pendant son sommeil.
Cependant, d'autres hypothèses se font jour. Pour Pierre Boaistuau, dans ses Histoires prodigieuses (1560), l'incube masque peut-être le viol de femmes par des hommes qui ainsi perpétuent la croyance dans le diable.
Sculpture en marbre représentant une femme étendue sur le côté gauche, jambes légèrement repliées, tête renversée en arrière, sur laquelle se jette un démon ailé qu'elle tente de repousser du bras droit en s'accrochant de la main gauche à la draperie de la couche. Le Cauchemar par Eugène Thivier (1894).
Son usage en théologie est encore présent en 1858 puisque René Louvel, vicaire général de l'évêché d'Évreux et supérieur du séminaire de Sées, écrit dans son Traité de chasteté à l'usage des confesseurs :
« Les théologiens classent ordinairement parmi les actes de bestialité l'accouplement avec un démon, soit incube, soit succube, infamie d'autant plus coupable qu'à l'infraction des lois de la nature vient se joindre le sortilège, puisqu'il y a commerce avec l'ennemi irréconciliable de Dieu. Il y a en outre parfois inceste, sacrilège ou adultère, selon que le démon ait pris la forme, soit d'une proche parente, soit du mari, soit de la femme. Quoi qu'en dise saint Ligori, toute excuse paraît impossible, et quiconque consent à coucher avec un démon, de même que le mari qui couche avec sa femme, uniquement à cause de sa beauté, commet le crime d'adultère. » — René Louvel, Traité de chasteté à l'usage des confesseurs
De nos jours, c'est surtout dans les sociétés de type chamaniques que se retrouvent encore des croyances à l'incube. Dans le Québec arctique, l'esprit mâle est appelé Uirsaq et l'esprit femelle Nuliaqsaq.
Ces esprits sont décrits comme le reflet exact d'un être aimé, mais devenu inaccessible; ils obsèdent ainsi leurs victimes qui s'isolent et développent des comportements étranges.
Le chaman est chargé de les libérer de cette possession.
Il existe aussi un esprit androgyne nommé Uizerq au Groenland de l'Est, ou Ijiraq (« l'invisible ») dans le Nord de l'Alaska.
Chez les Shipibo-Conibos d'Amazonie péruvienne, lorsque le mariage surnaturel concerne une femme (et un esprit), le fruit d'une telle union est variable selon la nature de l'esprit : soit non viable ou ayant des stigmates physiques si l'esprit père est animal, soit ayant des dons exceptionnels si l'esprit père est de type humain (alors que la descendance est invisible dans le cas de l'union entre un humain et un esprit-femelle).
La relation onirique entre un humain et un esprit animal a une issue néfaste également.
Chez les Exirit-Bulagat, en Sibérie, Roberte Hamayon cite la possibilité d'engendrer, pour une femme chamane lorsque l'union se fait avec un esprit, un enfant qui pourra se réclamer plus tard d'une nouvelle lignée chamanique.
Chez les Inuits d'Ammassalik (Groenland de l'Est), il existe un esprit hermaphrodite qui « se féminise avec un partenaire mâle et se masculinise avec une partenaire femelle ; une relation sexuelle avec lui est mortelle quand il s'agit d'un humain ordinaire. Par contre, s'il s'agit d'un ou d'une chamane, elle est source d'une grande puissance (…)
La sexualité, la magie, les familiers (incube succube)
De nos jours, les Démons sexuels ont été bannis - ou classés comme étant des hallucinations ou des vieilleries issues des mythes masturbatoires chrétiens.
Tous les occultistes de la deuxième moitié du vingtième siècle qui les mentionnent le font habituellement dans le contexte d'un avertissement contre le commerce avec de telles entités, croyant que les dangers de perte de vitalité ou d'obsession en sont les résultats inévitables.
Un incube ou un succube peut être inoffensif, ou destructeur. Comme dans n'importe quelle situation sexuelle, le danger dépend de la façon dont vous la gérez. Toute forme de sexe est potentiellement dangereuse.
Nos désirs sexuels nous rendent vulnérables. Combien de personnes ont été détruites par un partenaire sexuel ? Le sexe fournit un point d'invasion et les succubes et incubes nous rendent seulement intensément conscients de cela.
Les attitudes des gens envers ces êtres peuvent changer, mais de telles visites sont probablement plus fréquentes que la plupart des gens ne le supposent.
Nous pouvons les classer comme un type de « familiers» (ce qu'ils sont certainement!) et remarquez que, comme les familiers animaux ou élémentaires, ils sont dépendants d'une relation avec un hôte humain pour leur propre développement.
Des idées similaires peuvent être trouvées dans l'école des Tantrika Kaula, où il existe des rites pour contacter de telles entités.
L'approche générale est que vous couchez avec eux et ils vous font une faveur en retour.
Le Sexe est physique. Si n'importe qui pouvait appuyer sur un bouton et recevoir un incube ou un succube, je crois que la plupart des gens préfèreraient un partenaire fantôme plutôt que la bien trop ennuyeuse réalité.
La Gnose Liminaire
Jouer avec de telles entités tombe généralement dans la catégorie des techniques magiques appelée Évocation, et la forme de Gnose qui souvent est la plus efficace, est la si bien nommée « État Liminaire », état qui a lieu lorsque l'on est à mi-chemin entre la veille et le sommeil.
Le corps est complètement détendu, soit par un exercice de relaxation, soit par un épuisement physique; mais l'esprit est toujours clair, et vous laissez simplement les images et les sons surgir en vous.
Si vous pouvez apprendre à entrer dans cet état et à le prolonger, alors cela vous sera très utile pour la voyance, le contrôle des rêves ou les explorations virtuelles (en astral).
Ce qui m’amène à vous parlez de la magie sexuelle, ici je ferai qu’un survole.
Au départ, toutes les magies sont sexuelles de façon directe ou indirecte, parce que toutes se basent sur l’utilisation de la force vitale primordiale créatrice, sexuelle.
Même les courants magiques qui prônent la chasteté sont liés à la sexualité, car cette ascèse vise à sublimer, transmuter les forces sexuelles pour les diriger dans les centres énergétiques supérieurs. La sexualité EST la force vitale.
Nous pouvons distinguer trois expressions de la sexualité pour pouvoir catégoriser la magie.
Dans la première catégorie, la sexualité est sublimée par la continence et la chasteté aussi bien mentale que physique.
Dans la seconde catégorie, la sexualité est implicite, elle n’est pas rejetée, mais symbolique dans les rites (tandis que l’adepte conduit sa vie intime comme il l’entend). Cette seconde catégorie est la plus répandue.
Enfin, la troisième catégorie magique est directement centrée sur l’intensification des désirs et des énergies qui seront projetés dans le cadre d’acte magique clairement sexuel. C’est de cette catégorie dont nous parlerons dans le cadre de la magie sexuelle.
Un sorcier ou une sorcière peuvent obtenir de puissant résultat d’envoutement ou de magies diverses en canalisant leur énergie sexuelle pendant plusieurs jours. Par cette période de transmutation et de sublimation, leur énergie devient intense et peut être projetée dans un acte magique redoutable.
Un élémentale, un incube ou un succube peut être contacté ou vitalisé à partir de ces principes d’accumulations de désir et de force.
Le sperme, le sang et les sécrétions vaginales sont de puissants condensateurs de force vitale. Ils peuvent être utilisés pour charger des talismans, nourrir des entités invisibles, préparer des élixirs, etc.
Regardons ce que la psychologie en dis maintenant :

(Cf. p. 403. III. N°I. Nous publions ces quelques pages rédigées par une assistante de célèbre psychothérapeute suisse C.-G. JUNG, le Dr JACOBI, dont le point de vue est ici évidemment celui de la seule observation médico-sociale. N. d. l. R.)
Dans son ouvrage Die Schalf - und Traumzustände der menchlichen Seele (Tubingue, 1878) - L'Ame humaine en état de sommeil et de rêve - Heinrich Spitta, le philosophe et psychologue de Tubingue, décrit comme suit le phénomène du cauchemar: c'est « l'apparition d'un kobold ou d'un monstre, accroupi sur la poitrine du dormeur: il se rapproche toujours davantage de sa gorge et menace de l'étrangler... C'est si net et si évident qu'on en ressent une mortelle angoisse... En vain, le rêveur s'efforce de se défendre contre cette apparition monstrueuse; il voudrait crier, mais sa voix s'étrangle en sa gorge, ses membres sont comme paralysés, la sueur l'inonde, ses mains sont glacées. Tout à coup, il se réveille en sursaut, en général avec un cri, pour retomber sur sa couche, épuisé, mais avec le sentiment d'avoir eu la chance d'échapper au danger d'une mort imminente. »
La dyspnée, l'angoisse paralysante, l'oppression et la suffocation, la « chamade » du coeur, l'aphonie parfois totale, la rigidité des membres ou, au contraire, les tremblements spasmodiques, tous ces symboles, associés à la vision d'un monstre, la plupart du temps velu, d'aspect animal, et pesant sur la poitrine, ont partout et toujours caractérisé le cauchemar. (Voir II. n° III) Suivant les vues générales de celui qui les étudiait, ces manifestations ont été considérées, tantôt comme consécutives à des troubles physiques (obstacles à la respiration ou à la circulation du sang, causés par la position du dormeur, le poids de la couverture, des troubles digestifs, du délire fébrile, etc.), tantôt comme dues à des « esprits ». Les théories qualifiées de « scientifiques », appliquées à élucider ce phénomène si répandu, source depuis toujours de maux torturants aussi bien que de légendes et de mythes, s'en tiennent à la première explication. C'est d'elle que se réclament déjà tels médecins de l'Antiquité, dont l'opinion se base sur les consciencieuses recherches entreprises par Soranus d'Éphèse, au début du second siècle après J.-C., sur la nature, l'origine et le traitement du cauchemar. Il en est de même pour ces médecins des temps modernes, qui croient pouvoir réduire exclusivement à de purs phénomènes physiques tout ce qui est psychique. La notion populaire, du reste exprimée en de nombreux traités, surtout aux XVIè et XVIIè siècles, relève de l'autre opinion: elle fait intervenir des « fantômes ».

Les théories rigoureusement médico-physiologiques laissent peu de place à l'imagination; la croyance aux esprits, au contraire, l'alimenta: c'est donc par son canal qu'une innombrable série de mythes et de légendes, de silhouettes sauvages et fantastiques, ont pu se répandre au grand jour. Ces esprits portent des noms variés: chez les Grecs Ephialte; au Moyen âge, « incubes » et « succubes »; chez les Allemandes, « Alp », « Mahr », « Würger », c'est-à-dire étrangleur; « Gespenst » = spectre; « Nachtkolbold »; = lutin nocturne; « Auflieger » = écraseur; « Quälgeist » = esprit tourmenteur; chez les Russes: Kikimara; dans les idiomes nordiques: mara, d'où le français cauchemar (de caucher = fouler, dérivé du latin calcare, et mar = démon); en Suisse: Schrätelli, chauchevieille, etc. Ce vaste choix d'appellations implique de nombreux attributs et de multiples légendes. Ils apparaissent, en effet, tantôt sous forme d'animaux, tantôt sous forme humaine; tantôt beaux, tantôt laids, tantôt masculins, tantôt sous forme féminine, etc. On en fait presque des Olympiens; on les tient pour les avatars des dieux et démons les plus divers, porteurs des attributs les plus différents, par exemple Pan, qui est à l'origine de la « panique », les Faunes, Sylvains et Satyres de l'antiquité; au Moyen âge le Diable avec sa Cour de démons et de spectres (Cf. p. 404. III. n° II.) les mandragores, incubes, succubes, sorcières et fantômes de toute espèce, parfois simplement lubriques, parfois purement bestiaux. Les sceptiques tentaient d'expliquer la croyance à ces derniers, surtout conçus comme velus et hirsutes, par le fait, pour le dormeur, de s'être recouvert de peaux de chèvre ou de mouton, gênantes pour sa respiration. C'est à la même raison qu'on attribuait la croyance aux « dieux sylvestres », qui attaquent les humains. Au Monténégro (d'après B. Stern, Medizin, Aberglaube und geschlechtsleben in des Türkei, Berlin 1903) - Médecine, superstition et vie sexuelle en Turquie - on connaît un esprit féminin, ailé de flamme, appellé Vjeschitza; grimpé sur la poitrine du dormeur, il le suffoque ou le rend fou par ses étreintes lascives.

L'intime parenté entre ces visions du rêve et les hallucinations des aliénés a donné naissance à l'ancienne croyance populaire suivant laquelle les démons du cauchemar causent aussi la folie. C'était l'opinion des médecins de l'Antiquité, qui voyaient dans le cauchemar chronique l'origine de la manie, de l'épilepsie et même de l'apoplexie. Le vampire également, ce fantôme nocturne qui suce le sang du dormeur, a été considéré comme un produit du cauchemar. On croyait même que les animaux, singulièrement les chevaux, pouvaient être tourmentés par ces démons installés sur leur croupe. On parlait aussi de cauchemars collectifs. Des relations anciennes et digne de foi - entre autres, de M. -H. Strahl (1800-1860): Der Alp, sin Wesen und seine Heilung, Berlin, 1833 (Le cauchemar, sa nature et son traitement) - narrent que tout un régiment, des villages entiers, des groupes humains de toutes catégories, ont subi à la fois le même cauchemar. Ces phénomènes relèvent des mêmes conditions psychiques qui sont à la base des épidémies psychiques médiévales, de la flagellation grégaire, de la croyance populaire à la possession et à la sorcellerie, etc. (Voir III, n° IV).

D'après leur influence sur l'homme et la forme qu'ils revêtent, les esprits du cauchemar se divisent en bons et mauvais, en provocateurs de terreur et de jouissances érotiques (ceux de l'Alpminne ou « amour des farfadets »). Quel que soit leur caractère, ils n'en possèdent pas moins, les uns et les autres, des propriétés nettement démoniaques et, de ce chef, sont toujours tenus pour dangereux. L'incube, qui vient la nuit tenter les femmes, et le succube, cette séductrice nocturne de l'homme - tous deux objet d'horreur au Moyen âge - mais souvent à la fois redoutés et désirés - entretenaient des rapports sexuels avec les endormis. Non seulement la crédulité populaire, mais aussi les théologiens leur attribuaient un rôle considérable. Personne, alors, n'eût osé mettre en doute leur réalité; même saint Augustin y croyait (De Civ. Dei, XV, 23). Beaucoup de médecins les étudièrent avec zèle, surtout aux XVIè et XVIIè siècles, et recoururent souvent aux spéculations les plus étranges pour se les « expliquer ». Paracelse, par exemple (1493-1541), médecin et philosophe génial, croit découvrir en chaque individu trois « corps » : le corps matériel, visible et terrestre; le corps « sidérique », de substance éthérique, invisible; et le corps spirituel, le feu du Saint-Esprit en nous. Quant aux démons nocturnes, il les tenait façonnés par notre « imagination », c'est-à-dire de nature « sidérique ». Dans son Traité des Maladies invisibles (éd. Sudhoff, IX, p. 302), il s'exprime ainsi: « Cette imagination est issue du corps sidérique, comme en vertu d'une espèce d'amour héroïque; c'est une action qui ne s'accomplit pas dans la copule charnelle. Isolé en soi, cet amour est en même temps le père et la mère du sperme pneumatique. De ce sperme psychique ressortent les incubes qui oppressent les femmes et les succubes qui s'attaquent aux hommes ». Le grand Paracelse comprenait donc clairement qu'il s'agissait de visions imaginaires, de fantômes, et non de personnes réelles, que l'on désignait par incubes et succubes. Sa définition correspond aux résultats de la Psychanalyse moderne qui y voit les produits de la phantasia sexuelle. L'imagination, stimulée par la crédulité, forgea, sur les méfaits de ces esprits, de véritables romans qui ont alimenté jusqu'à ce jour de nombreuses productions poétiques et artistiques. Citons, entre autres, la série magnifique de Goya, Caprices, et l'impressionnante Succube, dans les Contes drôlatiques de Balzac.

C'est surtout au Moyen âge que la croyance à ces démons provoqua même dans les couvents de véritables épidémies. Les cauchemars, croyait-on, tourmentaient plutôt les femmes que les hommes, et plutôt les veuves et les vierges que les autres. Beaucoup d'hommes et de femmes ont été brûlés vifs pour commerce avec ces invisibles. Sorcière quiconque avait eu des rapports sexuels avec un incube; aussi, bien des innocentes périrent sur le bûcher, car il suffisait d'un cauchemar pour être convaincue de commerce lubrique avec un diable « chevaucheur de femmes ». Ces démons du cauchemar étaient censés pénétrer par les trous de serrure, les fissures des parois, les interstices des fenêtres, ce qui prouvait leur parenté avec les sorcières et autres créatures diaboliques (Voir III. n°V). Ils ne pouvaient, croyait-on, engendrer ni accoucher; s'ils donnaient, néanmoins, le jour à un enfant, celui-ci, fatalement, deviendrait un sorcier, un monstre ou quelque créature extraordinaire. L'enchanteur Merlin, par exemple, qui appartient au Cycle du Roi Arthur, passait pour être le fils d'un pareil esprit. En Allemagne, on attribuait la ressemblance frappante d'un homme avec un animal à l'influence de démons du cauchemar eux-même de nature animale; les déformations physiques, « envies », pieds-bots, etc., servaient de critères en ce domaine. Pour expliquer leur nature grossière, barbare et bestiale, la légende raconte que les Huns étaient nés d'un concubinage entre femmes et démons. Déjà, l'Antiquité tenait les créatures du genre « fée » pour particulièrement dangereuses, à cause de leur pouvoir séducteur, tout à fait magique: certaines d'entre elles fascinaient les hommes par leurs chants, pour les réduire à l'impuissance et les déchirer.
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La Psychanalyse a contribué à « expliquer » de façon nouvelle les cauchemars; elle traduit, en effet, la conception médiévale du « démon du cauchemar » par une formule « psychologique ». Elle espère, ainsi, mettre sur pied une méthode thérapeutique qui rend inoffensif ce démon et l'exorcise « en quelque sorte ». Un des représentants les plus en vue de l'École freudienne de Londres, J. Jones, a consacré à ce problème un ouvrage particulier et intéressant: Der Alptraum in seiner Beziehung zu gewissen Formen des mittelalterlichen Aberglaubens (Le cauchemar et ses rapports avec certaines formes de superstition médiévale) paru dans les Scriften zur angewandten Seelenkunde, fasc. 14, Vienne, 1912; il y réfute aussi bien les théories exclusivement physiologiques que les folkloriques, basées sur la croyance populaires aux « esprits ».
Il s'agit, conclut-il, dans tous ces cas, d'un phénomène reposant sur un violent complexe psychique, dont « le noyau est formé par un refoulement psycho-sexuel, qui peut être réactivé par des excitations périphériques ». Dès lors, tout le problème est clair. Mais J. Jones continue: « Le contenu latent du cauchemar consiste en la représentation de l'acte sexuel normal, et cela, d'une manière caractéristiquement féminine: l'oppression sur la poitrine, le don complet de soi, explimé par la sensation de paralysie, l'éventuelle sécrétion génitale, etc. Quant aux autres symptômes: battements de coeur, sensation de suffocation, p. e., ce ne sont que de simples exagérations des sensations ressenties normalement pendant l'acte sexuel à l'état de veille ». Il affirme ensuite que des « désirs violemment refoulés » peuvent être satisfaits de cette façon; dans l'extrême refoulement des désirs incestueux, par exemple, les sentiments de peur priment sur la sensation de volupté. Toujours d'après Jones, le cauchemar reflète sans exceptions le processus normal du coït; il ne se distingue des autres formes du rêve d'angoisse que par son contenu latent, qui est « spécial et fortement cliché ». Ainsi, les deux extrêmes - attraction et refus - peuvent être référés aux deux forces: désir et inhibition, luttant l'une contre l'autre. Sans se préoccuper du contenu précis et détaillé de ces cauchemars, cette interprétation en classe les « esprits » parmi ceux que le Moyen âge appelait incubes et succubes, et qu'on distinguait autrefois nettement d'autres démons du rêve. L'Église, en effet, a toujours défini l'incube comme un diable d'aspect humain, tandis que les fantômes de forme animale appartenaient à une autre catégorie d' « esprits ».
La lutte contre ces entités variait d'après l'opinion qu'on s'en faisait. Il ne faut pas s'étonner que les moyens les plus divers, nés de la superstition, aient constamment gardé leur vogue, conjointement à des milliers de prescriptions médicales « sérieuses ». La croyance à l'influence des incantations sur les dieux est, depuis toujours, une des idées fondamentales de la magie. Dès lors, l'homme qui suppose que la volonté des dieux se manifeste dans ses rêves prémonitoires, fera tout son possible pour n'être visité que par des songes favorables. Prévenir vaut, en effet, mieux que guérir: il est donc important de reconnaître et de suivre à temps les avertissements des dieux et de se les concilier, pour qu'ils nous préservent contre les suites des mauvais rêves. Le mieux est d'écarter ceux-ci, avant d'en être atteint, grâce à de traditionnels contre-sortilèges, rites et recettes sans nombre. Chez certains peuples, par exemple chez les Grecs, on tentait d'empêcher, par des cérémonies religieuses, la réalisation de rêves de mauvais augure: on le notifiait liturgiquement à la divinité solaire, avec une parfaite sincérité. Exorcisés par cette « désoccultation », les démons nocturnes ne pouvaient que s'évanouir. Autre méthode propitiatoire: les sacrifices. Certains usages ascétiques devaient, croyait-on, « bonifier » un mauvais rêve. La répétition interminable d'une formule magique avait le pouvoir de conjurer le malheur et d'attirer le bonheur. Quelques Hindous s'imaginent vivre cent ans, s'ils répètent indéfiniment: Om, victoire sur la Mort, même si l'on s'est déjà « vu mort » en songe (La clef des songes de Jaggadeva, p. 30). Talismans et amulettes toujours fort prisés, étaient spécialement choisis d'après les circonstances, car on les supposait très puissants contre les rêves démoniaques. Les Musulmans se servent de bouts de papiers portant des versets du Coran et divers symboles astrologiques et magiques; on les coud dans la doublure des vêtements ou en des sachets qu'on porte, la nuit, sur la poitrine ou au cou, pour écarter les cauchemars; le peuple attribue à ces pratiques un effet incomparable. (Voir III. n°VI.) D'autres formules magiques, les Pentacles, empêchent les cauchemars et provoquent des songes bienfaisants: avant de se coucher, on en fait des boulettes, qu'on avale dans un peu d'eau (voir III. n°VII). (Les Kurdes chrétiens, à qui l'Église a interdit le recours au talismans, se préservent contre les cauchemars en s'imbibant les yeux et le front d'eau bénite avant le sommeil, voire en en aspergeant leur couche. D'autres, pour éloigner les démons nocturnes, placent sous leur oreiller des olives ou des cierges qui ont, eux aussi, reçu la bénédiction rituelle. Quelques-uns s'en vont dormir avec, au cou, une petite croix de bois; il en est, même, qui, le soir, absorbent un peu de terre recueillie au pied du tombeau d'un Saint.)

On voit que la superstition ne meurt jamais; elle survit à tout et reparaît, par un détour inattendu, chaque fois qu'on a essayé d'y mettre fin. Il va sans dire que l'esprit médico-scientifique a toujours rejeté ces pratiques; il a, pour sa part, tenté d'influer sur la genèse et la teneur des rêves en prescrivant telles nourritures et boissons, ou, plus conformément aux conceptions modernes, par des médications chimiques. Les médecins de l'Antiquité employaient la saignée, l'ellébore, la paeonia (genre de renonculacées) et recommandaient un régime approprié. Les Pythagoriciens déconseillaient les fèves, qui provoquent la flatulence, donc les cauchemars. Il était même néfaste de rêver de fêves; le peuple, en effet, s'imaginait que la flatulence due aux fêves était causée par les esprits des morts, logés dans ces légumes; ces spectres tourmentaient ensuite, croyait-on, les gens pendant leur sommeil. Dans son Treatise on the Incubus or Nightmare (Londres, 1816) - Traité de l'incube ou du cauchemar - le médecin A. Waller estime, au contraire, que les cauchemars proviennent de l'hyperacidité gastrique; il les combattait donc en administrant du carbonate de potassium.
Le Moyen-âge a créé force panacées aussi étranges qu'infaillibles d'effet. On les composait d'après l'expérience populaire, les observations individuelles, les notions astrologiques, les théories sur les « signatures » des plantes, etc. De nos jours encore, partout où les superstitions sont vivaces, on retrouve à chaque pas le contre-sortilège, avec ses amulettes, ses talismans et pentacles, ses pratiques et médications secrètes.

Quant à ceux pour qui le cauchemar s'explique par des causes exclusivement physiologiques, par exemples les psychologues du siècle passé, ils pensaient qu'on pouvait le provoquer expérimentalement et ainsi le débusquer de son repaire et le réduire à néant. On a tenté de provoquer délibérément des cauchemars, en faisant prendre au sujet telle position déterminée, ou en soumettant à une pression telle partie de son corps, etc. Mais, jamais, on n'est parvenu à provoquer telle teneur onirique donnée, correspondant à chaque expérience et réitérable à volonté. D'après la doctrine psychanalytique - notamment suivant J. Jones, qui voit dans les diverses formes de psychonévroses modernes et leurs divers symptômes les « descendants » des sorcières, lycanthropes, etc. d'autrefois - on ne peut être délivré du cauchemar et de ses affres, que si sa cause, c'est-à-dire le refoulement des pulsions sexuelles, découverte par la Psychanalyse, est exhibée au plein jour de la conscience.
Malgré son caractère bien moderne, la conception freudienne du cauchemar s'apparente pourtant, dans un certain sens, à l'antique conception qui attribuait à « Pan-Ephialte » la responsabilité du pavor octurnus(anxiété nocturne), mais aussi le pouvoir d'en libérer; la sensation de libération qui se substitue à l'angoisse mortelle peut-être considérée, en effet, comme équivalente à la réalisation d'un désir. Pausanias rapporte, au IIè siècle après J.-C., qu'on éleva à Trézène, en Argolide, un sanctuaire à Pan, le Sauveur, parce qu'il avait révélé en songe, à un édile municipal, le traitement efficace pour combattre une terrible épidémie (Pausanias, II, 32, 6).

La croyance populaire, elle aussi, a toujours reconnu au démon du cauchemar, non seulement une action corruptrice, mais encore un pouvoir bienfaisant; il pouvait, en effet, toujours révéler des secrets, par exemple la cachette d'un trésor, la formule d'un remède merveilleux. Ainsi, les démons du cauchemar ont eu le sort de toutes les « idées » issues des profondeurs séculaires de l'âme humaine et porteuses d'ambivalence: à la fois bienfaisantes et lumineuses, maléfiques et infernales. D'autre part, alors que la Psychanalyse voit dans le cauchemar la manifestation et la projection de la teneur sexuelle de l'inconscient, la Psychologie Complexe, créée par C.-G. Jung, a fait des idées-mères ou « archétypes » de l'inconscient collectif les messages symboliques du Royaume des Songes, qui expriment, de façon imagée, les forces instinctives, archaïques et primitives de l'âme, pour confronter l'homme avec son « ombre », afin qu'il en soit profondément impressionné (Voir III. n°VIII). C'est en ce sens qu'on peut aussi dire avec raison que « le cauchemar initial est le père de toute mythologie »; sans lui et ses innombrables diversifications, la croyance aux « esprits » ne se serait jamais développée au point qu'elle l'a fait. Même Kant, pour qui les explications scientifiques avaient certainement le pas sur la croyance aux « esprits », ne pouvait s'empêcher d'attribuer à ceux-ci un aspect bienfaisant, malgré leur nature terrifiante (Anthropologie,Francfort-Leipzig, 1799, p. 112): « Sans l'effroyable apparition d'un fantôme qui nous écrase, sans l'effort consécutif de tous nos muscles pour changer de position, l'arrêt de la circulation sanguine mettrait bientôt un terme à la vie. C'est précisément pour cela que la Nature semble avoir organisé les choses de telle façon que la grande majorité des rêves comporte des malaises; car de pareilles présentations excitent les forces de l'âme bien plus que lorsque tout se passe comme on le désire. » Par là, Kant se rattache aux conceptions psychologiques les plus modernes sur le problème du rêve.

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